Le nævus d’Ota, également appelé nævus fuscocaeruleus ophthalmomaxillaris, est une anomalie pigmentaire de la peau caractérisée par une coloration bleu-gris à brun violacé. Il touche principalement la région du visage, autour de l’œil, des paupières, parfois jusqu’à la tempe et au nez. Dans certains cas, il nécessite un suivi médical en raison du risque accumulé de complications oculaires. Cet article fait le point sur les traitements disponibles et les perspectives d’évolution.

Qu’est-ce que le nævus d’Ota ?

 

Le nævus d’Ota est une lésion pigmentée congénitale ou acquise qui apparaît généralement dès l’enfance ou l’adolescence. Cette accumulation entraîne une coloration particulière, variante du bleu au brun foncé, parfois avec des nuances violacées.

 

Les zones les plus souvent touchées sont :

 

  • La peau autour de l’œil et des paupières,

 

  • La sclère (blanc de l’œil),

 

  • La joue et la tempe,

 

  • Parfois la muqueuse buccale ou nasale.

 

Bien que bénin, le nævus d’Ota peut poser des problèmes esthétiques importants, notamment lorsqu’il s’étend sur le visage.

Quels sont les risques associés ?

 

La majorité des nævi d’Ota ne présentent aucun danger. Cependant, certaines complications nécessitent une surveillance particulière :

 

Risque ophtalmologique : l’atteinte de la sclère peut augmenter le risque de glaucome.Un suivi régulier chez l’ophtalmologiste est recommandé.

 

Risque oncologique : bien que rare, une transformation maligne en mélanome cutané ou oculaire est possible.

 

Impact psychologique : du fait de sa localisation sur le visage, il peut être source de mal-être, d’anxiété et de difficultés sociales.

 

Ainsi, le traitement du nævus d’Ota n’a pas seulement une dimension esthétique mais aussi préventive.

Pourquoi envisager un traitement ?

 

Trois grandes raisons motivent la prise en charge du nævus d’Ota :

 

Améliorer l’aspect esthétique : pour de nombreux patients, atténuer ou faire disparaître cette pigmentation est essentiel pour retrouver confiance en soi.

 

Prévenir les complications : dans les cas où le nævus touche les structures oculaires, une surveillance et un traitement adapté sont nécessaires.

 

Réduire le risque d’évolution : même si le risque de transformation cancéreuse reste faible, le suivi dermatologique reste essentiel.

Les options thérapeutiques disponibles

 

  1. Le laser : la référence actuelle

 

Le traitement de choix du nævus d’Ota est aujourd’hui le laser pigmentaire, notamment le Q-Switched (Nd:YAG, alexandrite, rubis).

 

Principe : le laser émet une lumière de haute intensité absorbée par la mélanine. Celle-ci est fragmentée en micro-particules que l’organisme éloigne progressivement.

 

Efficacité : après plusieurs séances (souvent entre 5 et 10), la pigmentation s’éclaircit nettement, voire disparaît totalement.

 

Avantages : traitement ciblé, peu invasif, résultats durables.

 

Limites : nécessite plusieurs séances espacées de plusieurs semaines.Des récidives partielles peuvent survivre.

 

Effets secondaires : rougeurs, croûtes temporaires, risque d’hyperpigmentation ou d’hypopigmentation surtout sur les peaux foncées.

 

C’est actuellement la technique la plus efficace et la plus utilisée dans le monde entier.

 

  1. Les crèmes dépigmentantes

 

Certaines préparations à base d’hydroquinone, d’acide kojique ou de rétinoïdes peuvent être proposées en complément du laser. Toutefois, elles ne permettent pas une disparition du nævus car la pigmentation est profonde. Leur rôle reste limité à un éclaircissement superficiel.

 

  1. La dermabrasion et la cryothérapie

 

Ces techniques étaient autrefois utilisées mais sont aujourd’hui largement abandonnées :

 

Dermabrasion : ponçage mécanique de la peau pour atteindre les couches pigmentées. Elle entraîne souvent des cicatrices et une repigmentation inégale.

 

Cryothérapie : destruction par le froid intense.Ses résultats sont imprévisibles et elle présente un risque de dépigmentation permanente.

 

Ces méthodes ne sont donc plus recommandées face aux lasers modernes.

 

  1. Les traitements émergents

 

De nouvelles approches sont en cours d’étude :

 

Lasers fractionnés : promettent une récupération plus rapide avec moins d’effets secondaires.

 

Combinés thérapeutiques : associer laser et produits topiques pourrait améliorer les résultats.

 

Techniques de médecine régénérative : encore expérimentales, elles visent à agir directement sur la régulation des mélanocytes.

 

Ces perspectives offrent de nouvelles pistes pour les patients réfractaires aux méthodes classiques.

Précautions et suivi après traitement

 

Après une séance de laser ou tout traitement cutanée, certaines précautions sont indispensables :

 

Photoprotection stricte : utilisation quotidienne d’un écran solaire SPF 50+ pour éviter l’hyperpigmentation post-inflammatoire.

 

Soins cutanés doux : éviter les produits agressifs, privilégier les crèmes réparatrices.

 

Surveillance dermatologique : consulter régulièrement pour contrôler l’évolution et détecter toute récidive.

 

Suivi ophtalmologique : indispensable si la sclère ou l’iris sont atteints.

Le traitement doit donc s’inscrire dans une prise en charge globale.

 

Et si l’on choisissait l’acceptation ?

 

Bien que le traitement laser offre d’excellents résultats, certaines personnes préfèrent assumer leur nævus d’Ota. Avec les progrès de la sensibilisation à la diversité corporelle, il devient possible d’aborder cette particularité comme un signe distinctif. Le soutien psychologique et la valorisation de l’image de soi jouent un rôle central dans cette démarche d’acceptation.

Conclusion

Le nævus d’Ota est une pigmentation cutanée bénigne mais parfois lourde à porter psychologiquement et esthétiquement. Grâce aux avancées médicales, notamment les lasers Q-Switched, il est aujourd’hui possible d’obtenir une nette, voire une disparition des lésions. Le choix du traitement doit se faire au cas par cas, en tenant compte de la localisation, de l’âge, du phototype et des attentes du patient. Entre traitement et acceptation, l’essentiel est de permettre à chacun de vivre sereinement avec cette particularité cutanée.TRAITEMENT NAEVUS D’OTA